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Nhaoul' نول

WAMEEDD cd cover

Hayati

Kam

Laïtani

Suite nomade, Pt. 1

Suite nomade, Pt. 2

Suite nomade, Pt. 3

 

Kamilya Jubran
chant et Oud

Sarah Murcia
Contrebasse

Catherine Debrouker
violon

Marion Brizemur
alto

Christine Krauz
violoncelle

Their first meeting dates back to 1998, when Sarah Murcia joined Sabreen – an innovative Palestinian group whose lead singer was Kamilya Jubran – for an album and concert tour of Europe and the Middle East. This adventure turned out to be the foundation for a regular human and artistic exchange.

Between Kamilya Jubran, a Palestinian singer determined to play the oud and move to Europe, while seeking an original musical path between the Arab traditions and contemporary elements, and Sarah Murcia, a French double bass player open to all the experiences of pop, jazz and improvisation, from Jacques Higelin to Elysian Fields via Magic Malik and his quartet Caroline, the desire was great for a real joint project. But how to make happen the creation of music together with such separate paths and ways of playing, without one bending to the demands of the music of the other, and beyond a simple overlapping?

Over several years of reflection and mutual learning, the two musicians finally found the answers to their ambitions. First working to create a common language: Sarah Murcia made a point to learn to play the quarter tones of oriental scales and memorise long labyrinthine sentences – of the oral tradition – that are the rule in Arab music. Her double bass alone unfolds dramatically in Hayati (track 1), a classical form of dawr1 written by the Egyptian master Sayed Darwish, one of the favourite composers of Kamilya Jubran. She, in turn, began to internalise the methods of limited transposition and complex rhythmic structures (asymmetry, polyrhythm), following Sarah Murcia’s suggestions, for Suite Nomade 2 (track 5), entirely composed by both, blurring their tracks to a disconcerting point beyond any benchmark.

The basis of their duet rests on an amazing musical and aesthetic convergence which has solidified through delving deeper into several compositions by Kamilya Jubran based on prose poems, so as to give to the oud a total rhythmic and melodic freedom. Sarah Murcia has approached them in a vertical way in adding her harmonies. Her string arrangements, cast against Arabic music, deal with the economy, colours, matter. Kamilya Jurban, on the other hand, comes from a highly melodic and modal culture and thinks her music horizontally. Marion Brizemur (alto), Catherine Debroucker (violin) and Christine Krauz (cello), who accompany them, add a rhythmic precision.

The texts are strong and chosen from among contemporary poets or are, for Suite Nomade, excerpts from Bedouin poems from the deserts of the Sinai and Negev published by Clinton Bailey in his collection Bedouin Poetry (Saqi Books, reissued in 2002). Kamilya Jubran sings them in dialect remembering the Bedouin women she came across in her childhood: “They came to our home to sell their products, and as a result told us about their lives, difficulties, the changes imposed on their way of life. Years later, when I discovered the book of Clinton Bailey, it was pure joy...”

With Nhaoul’ created on the stage of ARC Rezé and Dynamo de Banlieues Bleues, Kamilya Jubran and Sarah Murcia found the magic formula for their respective worlds to interact and give free rein to their sensitive strings. In fact, Nhaoul’ in Arabic means “loom”, more specifically the frame on which stretch and intersect the threads to make the fabric. And here, no doubt about it, the weave is solid.
Xavier Lemettre


Leur première rencontre date de 1998, quand Sarah a intégré Sabreen, groupe palestinien novateur dont Kamilya était la chanteuse vedette, pour un disque et une tournée de concerts en Europe et au Moyen-Orient. Cette aventure est devenue le nœud d’un échange humain et artistique régulier.

Entre Kamilya Jubran, chanteuse palestinienne décidée à jouer du oud et à s’installer en Europe en quête d’une voie musicale originale entre traditions arabes et éléments contemporains, et Sarah Murcia, contrebassiste française ouverte à toutes les expériences de la pop, du jazz et de l’improvisation, d’Higelin à Elysian Fields en passant par Magic Malik et son quartette Caroline, l’envie était grande d’un véritable projet commun. Mais comment arriver à créer de la musique ensemble avec des parcours et des modes de jeu si séparés, sans que l’une se plie aux exigences de la musique de l’autre, et au-delà d’une simple superposition ?

Au fil de plusieurs années de réflexion et d’apprentissage mutuel, les deux musiciennes ont fini par trouver les réponses à leurs ambitions. D’abord en travaillant à se créer un langage commun : Sarah Murcia s’est fait un devoir d’apprendre à jouer les quarts de ton des gammes orientales et à mémoriser les longues phrases labyrinthiques - de tradition orale - de règle dans le mode arabe : sa contrebasse seule déroule de façon impressionnante Hayati (piste 1), dawr1 de forme classique du chant arabe écrit par le maître égyptien Sayed Darwich, l’un des compositeurs préférés de Kamilya. Laquelle, de son côté, a entrepris
d’intérioriser les modes à transposition limitée et les structures rythmiques complexes (asymétrie, polyrythmie) en suivant les suggestions de Sarah : la Suite Nomade 2 (piste 5), entièrement composée à deux, brouille les pistes à un point troublant, au-delà de tout repère.

La base de leur duo repose sur une convergence musicale et esthétique étonnante, qui s’est solidifiée en approfondissant plusieurs compositions de Kamilya sur des poèmes en prose, pour laisser à l’oud une totale liberté rythmique et mélodique. Sarah les a appréhendées de façon verticale « contrairement à moi, Kamilya, qui vient d’une culture fortement mélodique et modale, pense horizontalement sa musique » en y ajoutant ses harmonies. Ses arrangements de cordes, à contre-emploi de la musique arabe, sont dans l’économie, les couleurs, la matière, Marion Brizemur (alto), Catherine Debroucker (violon) et Christine Krauz (violoncelle) qui les accompagnent y rajoutent leur précision rythmique.

Les textes sont forts, choisis chez des poètes contemporains ou, pour la Suite Nomade, extraits de poésies bédouines des déserts du Sinaï et du Negev publiées par Clinton Bailey dans son recueil Bedouin Poetry (Saqi Books, réédité en 2002) que Kamilya chante en dialecte en se souvenant des femmes bédouines qu’elle a croisées dans son enfance : « elles venaient chez nous à la maison pour vendre leurs produits, et du coup nous racontaient leur quotidien, leurs difficultés, les changements imposés à leur mode de vie. Des années plus tard, quand j’ai découvert le livre de Clinton Bailey, c’était de la joie pure…»

Avec Nhaoul’, créé sur scène à l’ARC de Rezé et à la Dynamo de Banlieues Bleues, Kamilya Jubran et Sarah Murcia ont trouvé la formule magique pour croiser leurs univers respectifs et donner libre cours à leurs cordes sensibles. Au fait, Nhaoul’, en arabe, désigne le « métier à tisser », plus précisément le chassis sur lequel se tendent et s’entrecroisent les fils pour fabriquer le tissu. Et ici, pas de doute, la trame est solide.

Xavier Lemettre